mardi 14 mai 2013

Chap. 8 : Les mille et une vilenies DE…




                             

 

"Je fends l'armure …J'enlève le haut…et puis allez ... j'enlève aussi le bas !
Qui suis-je ?"


Huitième étape: "Le mendiant de la com."


Quoique un peu chamboulé de m'être remémoré les propos désobligeants de certains à mon égard j'ai retrouvé le sourire en pensant au coup de génie que j'ai eu en quittant mon ministère. Car pour en être un cela en fut un !

J'ai pris de court tous les autres ministres en annonçant aussitôt que je renonçais aux indemnités auxquelles nous avions tous droit pendant six mois. Sans préciser naturellement la condition essentielle à cette attribution : ne pas avoir d'emploi...

Et là quel concert de louanges ! Les médias, les bobos, les intellos, le peuple…Plus personne qui ne tarisse d'éloges devant «mon exemplarité» et mon naturel noble et désintéressé. Et si mes collègues avaient expliqué que je n'étais pas sans emploi puisqu'en attendant ma très proche et très probable réélection comme député je pouvais réintégrer mon poste de Maître des requêtes au Conseil d'Etat, ils auraient été taxés de malveillance.

En outre je n'avais pas souhaité retrouver mon poste de député dont le mandat courait jusqu'au 17 Juin.

En fait je n'ai repéré que le commentaire d'un grincheux pour mettre en avant que mon renoncement était un exceptionnel «coup de com» pour faciliter ma réélection comme député, même si mon adversaire avait cru bon de dire «Qu'il les prenne mais qu'il les donne à des petites communes dans le besoin !».

Moi j'étais conscient du fait que cela m'eût privé d'un impact plus large auprès de mes admirateurs et futurs électeurs à l'échelon national sans régler le problème lié au fait que j'ai, à tout moment, un emploi qui m'attend au Conseil d'état et ne puis donc en aucun cas être déclaré sans emploi même si je n'exerce pas ce droit .

Enfin René Dosières qui n'en loupe jamais une avait cru bon d'ajouter «s'il est réélu député, il n'aurait de toutes façons plus droit à ce traitement».

La manœuvre, sans risque au demeurant, est donc passée comme une lettre à la poste et j'en recueille encore au quotidien les intérêts auprès de tous les naïfs ébahis par tant de désintéressement. En somme avec un petit déguisement particulièrement bien choisi en ces temps d'austérité j'ai fait un pas vers la sainteté.





Par ailleurs du côté des médias tous trop occupés à fêter "leur" victoire aux présidentielles aucun journaliste ne s'était étonné d'une telle générosité en me resservant un plat réchauffé. Je veux parler des gros titres humiliants qui avaient annoncé que je «faisais la manche» !

En fait et pour bien préciser les choses, profitant d'un déplacement officiel à Londres en 2010 en tant que Secrétaire d'état à l'emploi et, harassé par ma mission, j'avais eu besoin de me détendre le soir dans un club du quartier de Mayfair avec le gratin français de "La City", banquiers, gérants de "hedge fund".

Ma persuasion naturelle avait fait merveille et, à l'issue du dîner, j'avais fait passer une "corbeille " afin que chacun déposât son aumône : mon micro-parti "Nouvel oxygène" -dont ma naturelle pudeur m'interdit de vous donner le nombre et l'identité des adhérents- avait précisément besoin "d'oxygène" pour promouvoir et soutenir l'action de son fondateur.




Un "fouille-merde" du "Point "avait porté le fait sur la place publique aussitôt suivi de tous les aboyeurs patentés. Heureusement "L'express" avait donné foi à mes dénégations : «C'est faux. Ce n'était pas un repas de financement, ni de financeurs, même s'il y avait parmi les convives des gens qui soutiennent mon action politique. Non, il n'y a pas eu de dons ce jour-là!».



Cependant je m'étais prudemment ravisé auprès de "Libération" sans toutefois préciser le montant des dons : «Les donateurs ne souhaitent pas que ce soit public» et puis «Franchement, ce n'étaient pas des grosses sommes, c'est moins que ce qu'on peut avoir dans d'autres occasions.»


"Libération" avait alors précisé que je n'en étais pas à mon coup d'essai et qu'un troisième dîner était déjà prévu…mais j'avais désamorcé la bombe en obtenant après de multiples appels la discrétion de mes amis londoniens et en affirmant : «La première partie de la visite étant officielle, le billet aller a été financé sur fonds publics mais j'ai payé ma nuit d'hôtel moi-même, ainsi que le billet retour.»


Personne n'avait ironisé sur l'originalité d'une réservation (Eurostar ou avion) d'un "aller simple" faite par le service adéquat du ministère pour son ministre… et j'avais clos le débat: «Il n'y a pas de sujet. Les gérants de fonds n'ont rien à voir avec ce dont je m'occupe dans mon ministère.»


Cependant la leçon fut bonne car elle m'a conforté dans l'idée qu'il faut mettre une infinie discrétion et non moins de prudence dans tout ce qui touche à l'argent.


Et croyez-moi, je m'y emploie d'autant plus qu'il faut avoir " l'argent utile", quitte à se voir critiqué par ses adversaires :«Ici, il se comporte comme un seigneur qui tutoie les gens, distribue les bises et les subventions, mais uniquement aux personnes qui lui sont utiles. Il n'y a aucune transparence sur l'utilisation de la réserve parlementaire.»



A vendredi pour la neuvième étape vers la victoire :

                                     "Rouge de corps, vert de rage !"

 

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