"La vérité doit être dite, et je vais la dire devant vous." FH
C’est à l’époque où les
idées « socialisantes » étaient prédominantes dans notre Pays (3ème
République), que le colonialisme s’est développé à outrance, sous
couvert de considérations morales et civilisatrices !
A lAppel nous n’avons aucune nostalgie de ce passé mais souhaitons juste contextualiser le débat…
Après
la découverte de l’Amérique (Samuel de Champlain fonde la colonie de
Québec, en 1608) et de la route des Indes (Comptoir de commerce à
Pondichery et Chandernagor), la France se lance dans la conquête de
nouveaux territoires : la Louisiane (Cavelier de la Salle en 1682), les
Antilles, Madagascar, Saint-Pierre-et-Miquelon, une partie de
Saint-Domingue, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane. Elle façonne,
sur la base de motivations principalement commerciales, son premier
empire colonial qui, toutefois, ne survivra pas longtemps aux conflits
franco-britanniques.
Puis, par souci de puissance et
de prestige, Napoléon III porte alors son attention sur le Sénégal, la
Cochinchine, le Cambodge et la Nouvelle-Calédonie.
Mais
c’est seulement au cours de la IIIe République que le colonialisme
prend une ampleur considérable. Après la perte de l’Alsace et La
Lorraine (guerre Franco-Prusse), l’expansion coloniale apparaît alors
pour certains politiques comme un moyen de redorer le blason français et
d’augmenter les bénéfices commerciaux du Pays.
C’est à ce moment là que
nous entrons dans l’Idéologie et que certains, convaincus de la
supériorité de la civilisation occidentale et s’affirmant dans une
démarche progressiste, pensent que l’un des devoirs moraux de la France
consiste à apporter la civilisation dans ces territoires : Tunisie,
Maroc, Indochine, Afrique Occidentale Française (Sénégal, Soudan
français, la Guinée et la Côte d’Ivoire), Afrique Équatoriale française
(Tchad, Congo, Gabon, l’Oubangui-Chari).
Il est utile de rappeler que parmi ces « certains », on rencontrait une
majorité de personnalités de Gauche (ou ce qui s’en rapprochait à
l’époque).
Tel Jules Ferry qui déclara sous couvert de valeurs émancipatrices et de racisme philanthropique:
"Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures; mais (…) il y a aussi un devoir. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures " ( Discours du 28 juillet 1885 devant les députés français ).
La
Gauche coloniale établissait donc une hiérarchie entre les "races" et les civilisations.
Le 9 juillet 1925, Léon Blum ne craindra pas non plus d'affirmer devant les députés :
"Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l'industrie."
Quant à Albert Bayet, président de la Ligue des droits de l'homme, il déclara lors du congrès du mouvement, en 1931, que la colonisation Française était légitime car :
"Le pays qui a proclamé les droits de l'homme (…) a, de par son passé, la mission de répandre où il peut les idées qui ont fait sa grandeur."
A la mémoire de tous ces sans culottes, libre penseurs, Franc-maçons, marxistes, anarchistes, nihilistes et autres socialistes.... Normal Hollande, premier des socialistes, oppose
la Honte Nationale !
"Pendant 132 ans, l'Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal. Ce système a un nom : c'est la colonisation, et je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien."
Pour aller plus loin, un article on ne peut plus clair sur le sujet (manifestement les plumes de Flamby ne l'ont pas lu...)
http://hoplite.hautetfort.com/archive/2006/12/27/la-colonisation-une-idee-de-gauche.html
La colonisation, une idée de gauche.
Cela
ne vous a pas échappé : le passé colonial de ce pays est devenu un
élément à charge constant dans le procès permanent en infamie fait à la
France par nos amis progressistes…
Pour
autant, nul ne s’étend sur les idéaux qui ont porté l’entreprise
coloniale et permis l’érection de l’Empire colonial Français. Et pour cause.
Sous
l’influence de deux républicains et hommes de gauche, Léon Gambetta et
Jules Ferry, la France de la troisième république s’engagea dans la voie
de la création d’un empire colonial. Si Jules Ferry fut le père de la
colonisation républicaine Française, il ne fit en réalité que mettre en
pratique l’engouement que la gauche Française nourrissait alors pour
l’expansion coloniale.
En 1879, avec une rare emphase, Victor Hugo avait ainsi prononcé un discours archétypique de la pensée coloniale de gauche :
« (…)
Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la
barbarie, déserte c’est la sauvagerie ! (…) Allez peuples, emparez vous
de cette terre ; Prenez-là ! A qui ? A personne !. Prenez cette terre à
Dieu ; Dieu donne l’Afrique à l’Europe ! Prenez-là, non pour le canon,
mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non
pour la bataille mais pour l’industrie (applaudissements prolongés).
Versez votre trop plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos
questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires ! Faites
des routes, faites des ports, faites des villes ! Croissez, cultivez,
colonisez, multipliez, et que sur cette terre de plus en plus dégagée
des prêtres et des princes, l’Esprit divin s’affirme par la paix et
l’Esprit humain par la liberté (applaudissements enthousiastes..) ».
Discours prononcé le 18 mai 1879 au banquet commémoratif de l’abolition
de l’esclavage, en présence de Victor Schoelcher ! (1)
Ou encore, le même jour : « Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie à son histoire, l’Amérique à son histoire, (…) l’Afrique n’a pas d’histoire .»
Aujourd’hui
une telle arrogance, un tel mépris à l’égard de l’Afrique fermeraient à
Victor Hugo les portes du Panthéon et le rangerait dans le camp des
infréquentables…
Jules Ferry,
ministre de l’Instruction Publique en 1879, puis Président du conseil
fut un des principaux artisans de cette politique coloniale.
Sa doctrine coloniale reposait sur trois points:
- économique :
l’Empire devait offrir un débouché à l’industrie Française ; la lecture
des ouvrages de référence sur cette question économique (2) permet de
mesurer l’ampleur de l’erreur d’appréciation,
- philosophique :
la France, patrie des Lumières, se devait de faire connaître aux
peuples qui l’ignoraient encore ce message universaliste. Dans la
réflexion de la gauche Française, la dimension idéologique morale et
universaliste tient une part considérable. On trouve chez Jules Ferry la
notion de colonisation émancipatrice et cet homme de la gauche
coloniale utilise alors des arguments qui choquent aujourd’hui : « Il
faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un doit vis
à vis des races inférieures ; mais parce qu’il y a aussi un devoir.
Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » ! (discours à la chambre du 28 juillet 1885)
- politique : créer à la France de nouvelles conditions de rayonnement d’une grande puissance.
Dans
la justification de sa politique coloniale, la gauche républicaine
Française eut alors recours à des références qui aujourd’hui tomberaient
sous le coup de la loi. Clemenceau, alors opposant à cette politique coloniale, répondit à Ferry en ces termes :
« Vous
nous dites « nous avons des droits sur les races inférieures »
[interruption du député Bonapartiste Paul de Cassagnac : « c’est la
théorie des négriers ! » !], c’est bientôt dit ! Race inférieure les
Hindous ! Avec cette grande religion bouddhiste qui a quitté l’Inde pour
la Chine ? Avec cette grande efflorescence d’art dont nous voyons
encore les magnifiques vestiges ? Race inférieure les Chinois ?
Inférieur Confucius ? » (discours à la chambre du 30 juillet 1885.
Ecoutons aussi Jean Jaurès, grand icône républicaine dans son discours devant la Chambre en 1903 (3) :
« La
civilisation [que représente la France] en Afrique auprès des
indigènes, est certainement supérieure à l’état présent du régime
Marocain. »
Ou Léon Blum le 9 juillet 1925 devant les députés :
« Nous
admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à
elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de
les appeler au progrès réalisées grâce aux efforts de la science et de
l’Industrie »…
Portée par son postulat philosophique, la gauche coloniale Française enjambait allégrement les contradictions. Ainsi la Société des Amis des Noirs, crée en 1788 pour lutter contre l’esclavage, changea-t-elle de nom au début du XIX ème siècle pour devenir la Société des Amis des Noirs et des Colonies.
Quant à Victor Schoelcher, le célèbre abolitionniste, aujourd’hui
quasiment déifié, il fut secrétaire d’état aux colonies et coprésida en
1889 le congrès colonial international aux cotés du Général Faidherbe,
conquérant du Sénégal…
Des
républicains, des hommes de gauche, des laïcs militants furent donc des
initiateurs de la colonisation, alors que toute la philosophie qui les
animait reposait pourtant sur le contrat social. Pourquoi ?
La
réponse est claire : parce que la France républicaine avait un devoir,
celui d’un aîné devant guider son cadet non encore parvenu à l’éclairage
des Lumières.
Jusque
dans les années 1890, la position de la droite nationaliste fut
claire : la France devait choisir entre la « revanche » envers
l’Allemagne, un impératif patriotique, et l’expansion coloniale, chimère
détournant les Français de la ligne bleue des Vosges. Dés lors toute
aventure coloniale était considérée comme une trahison. Cet anti
colonialisme de droite fut bien incarné par Paul Déroulède et Maurice
Barrès. Pour le premier, la cause était entendue : jamais les colonies
ne pourraient offrir une compensation à la perte des provinces occupées
par l’Allemagne et c’est dans ce sens qu’il déclara à Jules Ferry :
« J’ai perdu deux sœurs et vous m’offrez vingt domestiques » !(3)
Face
à la cohérence philosophique de la gauche coloniale, la droite
Française était plus divisée : il s’agissait d’un choix entre les
priorités d’action. Charles Maurras à résumé cette attitude :
« Les
Français ont été autrefois très divisés sur la politique coloniale.
Après 1870, dominait le parti du Recueillement et de la Revanche ; Il
groupait des hommes aussi différents que le Duc de Broglie et
Clemenceau. Ils disaient, ils savaient que les Empires coloniaux, s’ils
ne se gagnent pas sur les champs de bataille de l’Europe, ne se perdent à
coup sur que là. Il voulaient donc d’abord reprendre Metz et
Strasbourg. Après, mais après seulement, on serait parti à la conquête
de l’univers. » (4)
Ceci
étant, en dehors de certains milieux d’affaires minoritaires, qui avait
adhéré à la doctrine de Jules Ferry, en pensant comme lui (et à tort)
que les colonies allaient être une bonne affaire la droite était initialement généralement anti coloniale quand la gauche était majoritairement ralliée au mouvement d’expansion coloniale.
Secondairement
seulement la droite Française se rallia majoritairement au « credo
colonial », sous la pression entre autres de l’humanitaire (rôle décisif
dans la lutte contre l'esclavage) et du religieux (évangélisation des
Africains).
Jacques Marseille a bien résumé cet unanimisme : « (…)
le mot d’ordre commun est de civiliser ; Il s’agit pour les
républicains de conquérir des débouchés indispensables à l’économe et en
même temps d’apporter les Lumières au monde et faire rayonner la
civilisation Française ; Pour les missionnaires, il s’agit de diffuser
la religion catholique et de convertir ceux que l’on nomme alors des
« primitifs ». L’unanimité habite alors les deux camps de la gauche à la
droite. » (5)
Ou
l’on voit que la droite ne devrait pas avoir de complexes vis à
vis de la politique coloniale Française. La gauche aujourd’hui a
totalement oublié (ou feint d'avoir oublié) cette page de sa propre
histoire. Mais le terrorisme intellectuel de la propagande
progressiste est puissant et l’inculture historique de nos hommes
politiques abyssale…
(1) Lugan ; Pour en finir avec la colonisation. Ed du Rocher 2006.
(2) Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français - Histoire d'un divorce. 01/2005 ; Daniel Lefeuvre. Pour en finir avec la repentance coloniale Flammarion ; 09/2006
(3) Raoul Girardet, L’idée coloniale en France de 1871 à 1962. Paris 1978.
(4) L’Action Française, 26 juin 1939.
(5) Entretien donné à « Enquête sur l’histoire », numéro spécial L’aventure coloniale, automne 1993, p.16.