jeudi 20 décembre 2012

Mariage gay : quand les leaders du PS étaient réticents

Si aujourd'hui le principe du mariage gay et de l'adoption par des couples homosexuels font l'objet d'un consensus de façade au PS, cela n'a pas toujours été le cas !

Jugez sur pièce, ad nauseam...



http://www.directmatin.fr/politique/2012-10-16/mariage-gay-quand-les-leaders-du-ps-etaient-reticents-173484

Elisabeth Guigou contre l'adoption en 1998

Le 3 novembre 1998 à l’Assemblée Nationale, en plein débat sur le PACS, la garde des Sceaux du gouvernement Jospin qui soutient le projet, fait cependant part de son hostilité à l'adoption par les couples homosexuels.


Elisabeth Guigou disait alors :

  • « Pourquoi l’adoption par un couple homosexuel serait-elle une mauvaise solution ? Parce que le droit, lorsqu’il crée des filiations artificielles, ne peut ni ignorer, ni abolir la différence entre les sexes.  […] Je veux être parfaitement claire : je reconnais totalement le droit de toute personne à avoir la vie sexuelle de son choix. Mais je dis avec la plus grande fermeté que ce droit ne doit pas être confondu avec un hypothétique droit à l’enfant. […] ».
  • Une famille ce n’est pas simplement deux individus qui contractent pour organiser leur vie commune. C’est l’articulation et l’institutionnalisation de la différence des sexes. C’est la construction des rapports entre les générations qui nous précèdent et celles qui vont nous suivre. C’est aussi la promesse et la venue de l’enfant, lequel nous inscrit dans une histoire qui n’a pas commencé avec nous et ne se terminera pas avec nous. (…) 
  • (...) Mais il fallait aussi bien marquer qu’au regard de l’enfant, couples homosexuels et hétérosexuels sont dans des situations différentes. La non-­discrimination n’est pas l’indifférenciation. Le domaine dans lequel la différence entre hommes et femmes est fondatrice, et d’ailleurs constitutive de l’humanité, c’est bien celui de la filiation.
  • (...) il n'est pas question, ni aujourd'hui ni demain, que deux personnes physiques du même sexe, quel que soit leur sexe, puissent se marier.
  • Un enfant a droit à un père et une mère, quel que soit le statut juridique du couple de ses parents. D’ailleurs aujourd’hui, la situation de l’enfant légitime qui vit avec ses deux parents est plus proche de la situation de l’enfant naturel qui vit lui aussi avec ses deux parents que de celle de l’enfant légitime de deux parents divorcés ou séparés
  • Je soutiens, comme de nombreux psychanalystes et psychiatres, qu'un enfant a besoin pour sa structuration psychique, sociale et relationnelle d'avoir face à lui pendant sa croissance un modèle de l'altérité sexuelle, un référent homme et un référent femme.
  • Un couple, hétérosexuel ou homosexuel, n’a pas de droit à avoir un enfant en dehors de la procréation naturelle. Les lois récentes sur la procréation médicalement assistée ont tracé les limites du droit à l’enfant comme source de bonheur individuel en indiquant que les procréations médicalement assistées ont pour but de remédier à l’infertilité pathologique d’un couple composé d’un homme et d’une femme. Elles n’ont pas pour but de permettre des procréations de convenance sur la base d’un hypothétique droit à l’enfant
  • c’est une chose de maintenir un lien de parenté déjà constitué entre parents et enfants, c’en est une toute autre de permettre, en vertu de la loi, l’établissement d’un lien ex nihilo entre un enfant et deux adultes homosexuels. Dans le premier cas, il s’agit d’une solution conforme à l’intérêt de l’enfant qui a le droit de conserver son père et sa mère lorsque ses parents se séparent. Dans le second, il s’agirait de créer de toutes pièces, par le droit, une mauvaise solution.
  • Mon refus de l’adoption pour des couples homosexuels est fondé sur l’intérêt de l’enfant et sur ses droits à avoir un milieu familial où il puisse épanouir sa personnalité

Lionel Jospin contre le mariage homosexuel en 2004

Six ans plus tard, le 17 mars 2004, une tribune dans le Monde intitulée « Manifeste pour l’égalité des droits » appelle les maires à « célébrer des unions entre personnes de même sexe ». Ce texte lance pour de bon le débat dans les couloirs du 10 rue de Solférino et donne naissance aux premières divisions autour de la question. Dominique Strauss-Kahn est alors à la tête du mouvement favorable à la légalisation du mariage gay.
Le premier à exprimer sa désapprobation n'est autre que Lionel Jospin. En mai 2004, l’ex-premier Ministre plantait le décor à sa façon. « On peut réprouver et combattre l'homophobie tout en n'étant pas favorable au mariage homosexuel », dit-il au cours d’un entretien au Journal du dimanche.
Une position accordée à celle de son épouse, la philosophe Sylviane Agacinsky. Trois ans plus tard, cette dernière publiait dans Le Monde une tribune dans laquelle elle analysait avec circonspection le remplacement de la dualité homme / femme par la dualité homosexuel / hétérosexuel :

 .../...
  • Si l'ordre humain, social et symbolique, donne aux individus une filiation double, mâle et femelle, ce n'est pas en raison des sentiments qui peuvent lier les parents entre eux, des désirs qui les animent ou des plaisirs qu'ils se donnent, c'est en raison de la condition sexuée de l'existence humaine et de l'hétérogénéité de toute génération dont la culture a jusqu'ici voulu garder le modèle.
  • Il s'agit donc de
  • savoir si l'institution du mariage et de la filiation doit continuer à inscrire chacun dans l'ordre d'une humanité elle-même sexuée, ou bien si l'on veut briser ce modèle dans lequel s'articulent la génération, la différence des sexes et celle des générations.
  • Ajoutons que, inévitablement, la reconnaissance du mariage entre deux personnes du même sexe leur ouvrirait un droit à l'adoption conjointe, voire à la procréation assistée. Dans ce cas, la société serait conduite à
  • autoriser, voire à prendre en charge, les procréations médicalement assistées (PMA) pour des couples de femmes (insémination avec donneur), mais aussi pour des couples d'hommes, et alors la légalisation des "mères porteuses" tenterait de s'imposer au nom précisément de l'égalité des couples.
  • Cependant, il est conforme à l'égalité des droits entre les individus de reconnaître à chacun un droit à l'adoption, sans discrimination de sexe ni de sexualité. Aussi, si la personne adoptante, à
  • titre individuel, vit avec un autre homme, ou une autre femme, l'intérêt de l'enfant est que cette personne puisse avoir un lien juridique avec lui (que l'enfant ait ou non, par ailleurs, un deuxième parent de l'autre sexe).
  • La fonction de beau-père, ou de belle-mère, assortie de droits et de devoirs, pourrait
  • fournir le modèle d'une relation familiale nouvelle, comparable à celle d'une famille recomposée, sans qu'un père et son compagnon, ou une mère et sa compagne, soient confondus avec un couple parental.

    La même année, Jean-Marc Ayrault joue la carte du principe de précaution

    « L’égalité des droits, qui est un principe fondamental, n’est pas l’uniformité des droits », écrivait alors l’ancien député de Loire-Atlantique dans Tribunes Socialistes. "On ne redéfinit pas le droit familial, les rapports entre parents et enfants, comme on baisse un taux de TVA. [...] Rien n'est pire que de légiférer dans la précipitation et sous l'influence médiatique" précise le futur Premier ministre.
    Toutefois, celui qui est alors le chef du groupe parlementaire socialiste à l'Assemblée nationale, précise que sur le sujet, il ne présente "ni tabou, ni préjugé".


    Ségolène Royal : « La famille, c’est un père et une mère » (2006)

    En 2006, la course à l’investiture socialiste pour la présidentielle bat son plein. Ségolène Royal, la future candidate du PS à l’Elysée, reste réservée face à la perspective d'une loi accordant le feu vert aux mariages gay. « La famille, c’est un père et une mère », affirme-t-elle dans une interview donnée le 23 février 2006 au Parisien/Aujourd’hui en France.
    Pourtant un an plus tard, elle annoncait dans son pacte présidentiel vouloir garantir en cas d’élection « l’égalité des droits pour les couples du même sexe ».

    Ce sont donc plusieurs des figures majeures du PS qui ont fait part de leurs réserves sur le mariage homosexuel et/ou l'adoption par les couples du même sexe.
    Aujourd'hui, l'unité semble plus grande en apparence. Seul Bernard Poignant, maire socialiste de Quimper et proche conseiller de François Hollande (il dispose d'un bureau à l'Elysée) affiche encore ses réserves sur la question. Il affirme que la question du bien de l'enfant doit être le principal critère du débat, même si - dit-il - il célébrera des mariages homosexuels si la loi est votée. Et de manièe collective, au sein du Parti Socialiste, seul le mouvement des Poissons Roses, défend des positions divergeantes sur le mariage gay.

    Direct Matin

    Elisabeth Guigou favorable à la dénaturation du mariage et à la privation de père ou de mère en 2012 !!!

    10 après le Pacs, Elisabeth Guigou reconnait avoir menti pour arracher la décision des indécis.
    Aujourd'hui, elle écrit à ceux qui lui demandent son avis sur le projet de loi :
    "En 1998, en tant que Garde des Sceaux du Gouvernement Jospin, j’ai porté avec conviction le projet de loi sur le Pacte civil de solidarité, qui constituait une avancée majeure en termes de libertés individuelles. Les débats sur le PACS se sont tenus dans un contexte particulièrement houleux. Des propos homophobes injurieux et haineux ont été entendus jusque dans l’hémicycle. Dans ce contexte, j’ai préféré à l’époque distinguer clairement la question du PACS de celles du mariage et de la parentalité. Lier ces différents enjeux aurait en effet compromis toute avancée en matière de droits des personnes homosexuelles. Depuis l’adoption du PACS, la société française a profondément changé et j’ai moi-même évolué dans mes positions. Je soutiens aujourd’hui fermement l’engagement de François Hollande en faveur du mariage pour tous, qui doit permettre l’union des couples, indépendamment de leur orientation sexuelle. Je suis également favorable à l’ouverture de la parentalité aux couples de même sexe et donc à l’adoption par les couples homosexuels. Je souhaite que nous puissions apporter une solution aux situations légales complexes des enfants élevés par des parents homosexuels. En tant que Garde des Sceaux, j’avais d’ailleurs initié de premiers pas en ce sens au travers de la réforme du droit de la famille, qui reconnaissait des droits aux beaux-parents. Cependant, la question de la filiation me semble encore irrésolue. Il m’apparaît essentiel de distinguer la filiation biologique, qui émane nécessairement d’un homme et d’une femme, de la filiation sociale. Cet enjeu complexe devra faire l’objet d’une réflexion approfondie dans le cadre des débats sur le mariage pour tous."
    Comme le disait la chanson :

    "JE SUIS POUR LE SOCIALISME PARCE QUE JE SUIS OPPORTUNISTE...

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