lundi 29 octobre 2012

Droit de cuissage à la mairie


Le magazine dénonçait, entre autres, les séances de pelotage perpétrées par le maire socialiste de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), Jacques Mahéas, sur la gardienne de la mairie, mais, surtout, le fait qu’il soit toujours en poste. 
Le mensuel se penchait, aussi, sur des cas de viols collectifs survenus entre 2006 et 2011 à la mairie de Maubeuge (Nord). Quatre membres du Parti Socialiste auraient agressé, harcelé sexuellement et violé à plusieurs reprises une collaboratrice de Rémi Pauvros, maire de la commune.
La manière dont le PS étouffe les affaires de mœurs éclaire doublement sur le silence général qui entourait les frasques de DSK et l'amnésie de tous les premiers secrétaires qui y ont œuvré !
Notre ministre du droit des femmes va t'elle se fendre d'une déclaration outrée contre son cher parti ?
Allez Najat, encore un petit effort, le changement c'est maintenant, non ?
 
                          Couverture du numéro d'avril 2012 de "Causette"
                                      Couverture du numéro d'avril 2012 de "Causette"

 

Le magazine Causette est poursuivi en justice par Rémi Pauvros, maire de Maubeuge, suite à une enquête intitulée “droit de cuissage à la mairie” publiée dans leur numéro d’avril 2012.

L’enquête avait fait grand bruit à sa parution en avril dernier. Et il y avait de quoi : Causette s’introduisait dans les couloirs de plusieurs mairies pour mettre au jour des affaires d’agressions sexuelles restées impunies. S’appuyant sur des chiffres de l’AVFT (association européenne contre les violences faites aux femmes au travail) et des témoignages, notamment de victimes, le magazine démontrait que le droit de cuissage est toujours d’actualité. Il dénonçait, entre autres, les séances de pelotage perpétrées par le maire de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), Jacques Mahéas, sur la gardienne de la mairie, mais, surtout, le fait qu’il soit toujours en poste.

Le mensuel se penchait, aussi, sur des cas de viols collectifs survenus entre 2006 et 2011 à la mairie de Maubeuge (Nord). Quatre membres du Parti Socialiste auraient agressé, harcelé sexuellement et violé à plusieurs reprises une collaboratrice de Rémi Pauvros, maire de la commune. Un seul de ses agresseurs a été démissionné, “officiellement, pour se consacrer à ses projets professionnels” notent Leila Minano et Julia Pascual, auteurs de l’enquête, avant de pointer le problème :
“Et les autres? Rien. Reçus en entretien, deux ont nié les faits et le dernier a reconnu “une relation consentie” avec Anna. Pas de viol, pas d’agression. “N’oubliez pas que ces gens sont mariés, insiste la première adjointe. Comprenez, on ne peut pas porter des accusations quand il y a des familles derrière“”.
Alertée par un courrier de l’AVFT, la maire de Lille et ancienne première secrétaire du Parti Socialiste Martine Aubry n’aurait jamais réagi, ni même répondu. Pour Causette, le PS règle ses affaires “en famille”.

A la clé : un procès

Avec son enquête, Causette ne s’est pas fait que des amis. L’AVFT a publié un communiqué sur son site en mars dernier dans lequel elle prend ses distances avec le magazine, expliquant :
“Ni les victimes ayant dénoncé des violences sexuelles commises au sein des mairies de Maubeuge et du Creusot, ni l’AVFT ne souhaitaient une telle médiatisation, et n’en sont pas à l’origine”.
Grégory Lassus-Debat, directeur de la publication, ne comprend pas l’attitude de l’association et assure avoir respecté la parole des victimes :
“On n’est pas un magazine choc. Vous nous imaginez aller trahir les victimes après des témoignage aussi graves ?”
Autre répercussion de l’enquête : Causette est poursuivie, pour la première fois, en justice par le maire de Maubeuge, Rémi Pauvros. La décision est prise immédiatement après la parution du magazine, à la fin du mois de mars 2012. Invité sur le plateau de Weo, chaîne de tv locale, à la même époque, il explique :
“Il y a des familles, des enfants derrière tout ça et je me dis qu’on n’a pas le droit de mettre en pâture des situations qui ne relèvent d’aucune procédure, d’aucun jugement (…) dans une situation aussi difficile je suis très attentif à la détresse, de la plaignante, éventuellement, que je connais bien (…) mais y compris de ceux qui ont des raisons objectives de se défendre si besoin était”.
Grégory Lassus-Debat a, lui, hâte d’être au 24 octobre – date à laquelle se tiendra le procès au tribunal d’Avesne-sur-Helpe – afin de “voir comment ils [Mr Pauvros et son avocat Me Simmonneau, ndlr] vont montrer qu’il y a diffamation“. Car le directeur de la publication, à l’image de son équipe, “ne regrette pas une virgule de l’article“, et déplore que le maire n’ait pas agi :
“Le maire, en sa qualité d’officier de police judiciaire, d’employeur ou d’être humain a le devoir moral de faire quelque chose et non pas de régler ça en famille”.
Selon lui, l’affaire n’a jamais été portée en justice, et aucune enquête n’a été menée.

L’avenir de Causette en jeu ?

Ce premier procès pourrait en tout cas sérieusement porter atteinte aux finances du magazine, qui aura déboursé environ 80 000 euros si Rémi Pauvros l’emporte :
“On est une petite structure, on a trois ans et pas de trésorerie. Vous imaginez l’inquiétude que ce procès représente pour nous ! Il pourrait dessouder Causette”
Pour le directeur de la publication, il n’y a pas de coïncidence : le procès est directement lié au contexte électoral dans lequel l’article a été publié. En effet, le maire de Maubeuge se présentait alors à la députation du Nord [il a été élu député de la troisième circonscription du Nord en juin dernier et est au coeur du scandale de cumul des mandats ndlr] et cherchait peut-être, comme l’avance Causette, à protéger son image.
Reste que derrière ce procès en diffamation se cache un crime, comme le martèle à plusieurs reprises Gregory Lassus-Debat :
“Il ne faut pas l’oublier ! en France, le viol n’a pas l’air si grave que ça, c’est ce qui ressort de cette enquête en tout cas, et c’est ce qu’on dénonce”.
Une phrase qui fait écho à une autre affaire de viols collectifs, celle de Fontenay-sous-bois, dont le verdict, très léger, a été perçu par beaucoup comme un permis de violer, et qui a révélé combien le viol n’est, encore aujourd’hui, pas toujours considéré comme un crime.

Carole Boinet

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