lundi 8 octobre 2012

"La droite sociale veut protéger les classes moyennes du matraquage fiscal de François Hollande"

 

Animateur : Laurent Wauquiez
Parrainages : 55 parlementaires
Avec 55 signatures, c'est la deuxième motion, après celle des humanistes et des libéraux, par le nombre de parrainages de parlemen­taires. L'intuition de son initiateur, Laurent Wauquiez, est que les anciens courants de la droite n'ont plus cours. La Droite sociale, créée en 2010, a vocation à réunir gaullistes, centristes et libéraux autour d'une idée directrice: la défense des classes moyennes. Numéro deux sur le ticket de François Fillon, Laurent Wauquiez prône le développement de l'intéressement et de la participation, la réalisation de travaux d'intérêt général en contrepartie du RSA, l'imposition des ménages domiciliés à l'étranger qui vivent en France plus de trois mois par an et l'obligation pour les banques d'accorder un minimum de crédits aux PME.

En vue du congrès de l'UMP le 18 novembre prochain, Laurent Wauquiez, soutien de François Fillon à la présidence du parti, a déposé se propre motion, "la droite sociale".
L'ancien ministre a axé son texte sur la "défense des classes moyennes" et la "lutte contre l'assistanat".


Selon un sondage Atlantico/Opinionway, la motion de Laurent Wauquiez arrive en troisième position avec 18 % des intentions de vote.
Selon un sondage Atlantico/Opinionway, la motion de Laurent Wauquiez arrive en troisième position avec 18 % des intentions de vote. Crédit Reuters

http://www.atlantico.fr/decryptage/laurent-wauquiez-droite-sociale-veut-proteger-classes-moyennes-matraquage-fiscal-francois-hollande-495684.html

 

Atlantico : En vue du congrès de l’UMP le 18 novembre prochain, vous avez déposé avec une quarantaine de parlementaires une motion intitulée "la droite sociale". Quelles valeurs défendez-vous et quelles sont vos principales propositions ?


Laurent Wauquiez : Le but est de faire entendre clairement le discours et les valeurs de la droite sur le plan social. Il y a deux priorités majeures dans cette motion.

La première est le refus de l'assistanat dans le prolongement de mon combat politique contre le RSA. Les bénéficiaires du RSA devront effectuer des heures de travail d'intérêt général en contrepartie du versement de cette allocation.

La deuxième priorité de cette motion est la défense des classes moyennes. Notre système social consiste toujours à aider les mêmes et à laisser systématiquement de côté la France qui travaille, les familles modestes, les classes moyennes... Nous voulons inverser la donne. Faire du social dans notre pays, cela ne consiste pas seulement à rajouter des louches sur un système d'assistanat. On a besoin d'équilibrer les choses et il faut prêter plus d'attention aux classes moyennes qui sont en train de se faire matraquer fiscalement par François Hollande.

 

Les principaux candidats à l'élection présidentielle ont tenté de séduire les classes populaires. Vous avez pourtant décidé d'axer votre motion sur les classes moyennes. Pourquoi ? 


Les classes moyennes sont les principales victimes de la crise et surtout ce sont elles qui vont payer le plus de charges dans les mesures qui sont en train d'être prises par François Hollande : remise en cause des heures supplémentaires, remise en cause de la participation, remise en cause de l'intéressement, remise en cause des aides pour l'emploi à domicile, réflexion autour de l'imposition des retraités... C'est un véritable coup de massue fiscal !

Depuis trop longtemps, la droite n'assume pas le fait de défendre les familles qui travaillent. Nous voulons secouer ce politiquement correct. Aujourd'hui, les gens qui ont besoin de soutien et d'aide se trouvent dans les classes moyennes.

 

Vous souhaitez incorporer dans les clauses prioritaires d'accès au logement social la prise en compte de l'accès à l'emploi et réserver une partie des programmes neufs "aux gens qui travaillent". Vous qualifiez également l'assistanat de  "cancer de la société ". Un discours musclé très critiqué à gauche qui parle de "droite (anti)sociale"...


Le social consiste trop souvent à dire "vous n'êtes pas prioritaire" à quelqu'un qui demande un logement social pour se rapprocher de son lieu de travail. C'est le discours que j’exècre et dans lequel celui qui travaille n'est jamais prioritaire.

Il y a aussi un deuxième point que nous portons très fortement : les versements d'assurance chômage doivent être liés au fait que les gens suivent une formation. Notre conception du social n'est pas de créer des systèmes administratifs aveugles où on verse des prestations qui n'encouragent pas les gens au retour au travail. Toute notre démarche est, au contraire, d'inciter les gens à être sur la piste du retour au travail.

Il faut savoir qu'il existe quasiment un million de personnes qui n'ont pas pu reprendre un travail parce qu'elles n'avaient pas accès à un logement à proximité de leur lieu de travail. Le logement social doit également faciliter la tâche de ceux qui travaillent. Quand je voient que les infirmières qui travaillent à l'AP-HP ne peuvent plus venir travailler à l’hôpital parce qu'elles n'ont pas de logement à proximité, je me dis que ce n'est pas raisonnable.
Je mets également dans les classes moyennes, les gens qui ont travaillé, notamment les retraités qui finissent parfois avec des retraites extrêmement modiques et qui se voient proposer par François Hollande des charges supplémentaires sous prétexte qu'ils appartiendraient aux catégories riches. Il faut arrêter avec cette logique-là. Celui qui travaille n'est pas un privilégié.

 

Certes, mais ceux qui ne travaillent pas sont de plus en plus nombreux surtout en période de crise. Que leur proposez vous ?


Au fond, toute notre démarche consiste à briser le social passif. Aujourd'hui, on verse une assistance chômage, mais on ne s'occupe pas des gens. On ne les aide pas à retrouver un emploi. C'est pourquoi je veux lier le versement de l'assurance chômage à l'obligation d'une formation. C'est quelque chose que j'ai pu expérimenter dans ma mairie. Dans le centre d'action social de ma commune, les gens qui sont aidés doivent systématiquement participer à des actions au niveau de la mairie, notamment en faveur des personnes âgées : portage de repas à domicile, animation des repas de quartier... Grâce à cela, on a pu former des gens souvent éloignés de l'emploi pour qu'ils puissent se réorienter vers la restauration ou les services d'emplois à la personne. Grâce à cela, ces gens, à qui on versait jusqu'ici des allocations sans contrepartie, ont pu retrouver le chemin de l'emploi et repartir du bon pied. La droite ne doit pas se laisser assommer par le politiquement incorrect de gauche et faire ce que j'appelle du "social actif ".

 

Vous soutenez François Fillon dans sa candidature à la présidence de l'UMP. Pourtant, ce dernier n'est pas inscrit sur votre motion. Etes-vous vraiment sur la même ligne idéologique ?


Ma motion n'est pas une chapelle. Certains signataires de ma motion soutiennent François Fillon tandis que d'autres soutiennent Jean-François Copé. Ma motion rassemble à la fois des gaullistes sociaux et des démocrates chrétiens. Je ne veux pas que ma famille politique se divise en petites chapelles. Cette motion est un lieu de rassemblement et de débat d'idée. Ce qui m'intéresse c'est de secouer le politiquement correct.

 

Revendiquez-vous l'héritage de Nicolas Sarkozy ?


J'ai été pendant cinq ans le ministre de Nicolas Sarkozy. Je ne fais pas partie de ceux qui après une défaite s'amusent à agiter le droit d'inventaire. Je ne construis pas mon parcours sur des reniements ou des trahisons.

 

Selon un sondage Ifop/Le Figaro, votre motion ne recueille que 10% des intentions de vote. Elle n'arrive qu'en troisième position derrière "la droite forte" de Guillaume Peltier et "les humanistes et libéraux" de Jean-Pierre Raffarin. Comment espérez-vous peser au sein du parti ?


L'histoire de la droite sociale est une histoire d'équipe. Beaucoup de parlementaires aussi bien issus du gaullisme que du centrisme nous soutiennent. Les idées que nous avons fait émerger ont fortement marqué les militants car nous osons dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. La force de notre motion c'est qu'elle dit les choses !




Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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