lundi 8 octobre 2012

La «Droite forte»: les jeunes qui montent et agacent à l'UMP

 

Animateurs : Guillaume Peltier et Geoffroy Didier
Parrainages : 17 parlementaires
Dans les sondages réalisés auprès des sympathisants de l'UMP, cette motion crée la surprise avec son clin d'œil au slogan «La France forte» de Nicolas Sarkozy. Ses promoteurs, Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, pourtant inconnus du grand public, peuvent se prévaloir de l'appui des ex-ministres Brice Hortefeux, Alain Marleix et Édouard Courtial ou de l'ancien conseiller à l'Élysée Pierre Charon. Tous se reconnaissent dans la réaffirmation des principes d'autorité, de sécurité et de laïcité ou la volonté de réformer le système judiciaire, qui figurent au rang de leurs propositions. Geoffroy Didier annonce son soutien à Jean-François Copé dans une interview à Direct Matin à paraître ce lundi.

 

       

 

Sarkozysme revendiqué, propositions à droite toute... Les initiateurs de cette motion en lice pour le congrès de novembre prennent pour modèle la campagne de leur champion en 2007. 

 

Par LAURE EQUY
 
La proposition musclée de couper «à vie» les allocations «pour tout fraudeur récidiviste», c’est eux. 
La trouvaille qui consiste à demander l’embauche de «journalistes de droite», c’est aussi eux. 
La sensibilité favorite des sympathisants UMP, selon un sondage (1), ce serait encore eux. 
Guillaume Peltier et Geoffroy Didier défendent la motion «la Droite forte», l’un des six courants en compétition pour le congrès de l’UMP, en marge du match Copé-Fillon. Jeunes loups (36 ans tous les deux), positionnés à droite toute, sarkozystes ultrarevendiqués, rodés à l’exercice médiatique (Peltier intervient régulièrement sur BFM TV et I-télé), ils veulent mener une campagne façon «Sarko 2007». Celui qui «n’avait pas peur d’appeler un chat un chat». De quoi agacer plusieurs de leurs aînés à l’UMP.
La Droite forte doit réunir, ce samedi pour la première fois, ses soutiens à Paris. L’idée de monter un courant est née après le revers des législatives, avec la volonté, selon Peltier, de «fédérer une nouvelle génération» lancée par Nicolas Sarkozy et une ambition assumée: «On hérite d’une situation difficile mais, dans les dix ans à venir, on ne peut que gagner.» Entre Fillon et Copé, ils n’affichent pas de préférence pour la présidence du parti, même si le noyau dur de la bande, comme Camille Bedin et Jonas Haddad, roule pour le second.

 

«Chacun veut un bout de la croix du Christ»

 

Leur slogan résume la stratégie pour devenir la génération qui compte à l’UMP: «Fiers d’être de droite, fiers d’être sarkozystes.» Un label aujourd’hui galvaudé. Eux se veulent champions du zèle: «On n’attend pas qu’on nous pose la question pour dire qu’on est sarkozystes», fanfaronnent-ils. Si la référence est porteuse auprès des militants qui n’ont pas fait leur deuil de l’ex-leader, elle agace des responsables qui, tous, réclament leur part de l’héritage. «Chacun veut un bout de la croix du Christ», sourit un ex-ministre. 
Les initiateurs de la Droite forte ont au départ voulu sous-titrer leur motion: «Génération Sarkozy». Ce qui a déplu notamment à Jean-Pierre Raffarin. Le représentant de la motion des humanistes et libéraux l’a fait savoir sur Twitter, le 22 septembre:
 

 

Le Bureau politique a demandé que la mention soit retirée du texte. «Il y a eu un débat autour de l’utilisation d’un nom propre, dit pudiquement Geoffroy Didier. Des gens disent que Nicolas Sarkozy serait contre. Ceux qui veulent le faire parler ont tort, je ne rentre pas là-dedans.» Le tandem Didier-Peltier, qui a déjeuné avec Sarkozy mercredi, avec Patrick Buisson et Brice Hortefeux, se targue de ne pas raconter leur discussion. Mais ils n'ont pas senti l’ancien Président embarrassé. «On ne l’instrumentalise pas.» A leurs détracteurs, ils rétorquent: «On ne vas pas s’excuser d’exister parce que nos valeurs correspondent aux attentes des militants.» A défaut de «Génération Sarkozy», ils jugent que leur nom «Droite forte», dérivé du slogan de la campagne 2012 «la France forte», suffit à les classer.

 

La «droite d’en bas»

 

Mais c’est la présidentielle de 2007 qu’ils prennent pour modèle: «On fait des propositions a priori clivantes mais qui, en fait, rassemblent nos militants.» Suppression de la CMU et de l’AME (aide médicale d’Etat), référendums d’initiative populaire sur le modèle suisse, suppression du financement public des syndicats... Didier et Peltier, passé brièvement par le FN et le MPF de De Villiers, récusent le qualificatif «droitier».
Reste que, sur le fond, la Droite forte ressemble beaucoup à la Droite populaire qui dépose aussi une motion portée par Mariani. Et pour cause, Peltier avait été parmi les initiateurs du collectif en 2010, avec Thierry Mariani et Lionnel Luca. Pourquoi ne pas avoir fait courant commun ? «La Droite populaire regroupe plutôt des députés, nous on s’adresse à la "droite d’en bas", à la base», avance Geoffroy Didier. Sa motion compte tout de même deux parrains d’honneur de choix: Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée, et Brice Hortefeux. Geoffroy Didier dément toute influence de l’ex-ministre de l’Immigration, son mentor. «On a ses conseils et un soutien amical.»
Ce qui les distingue de la Droite populaire serait aussi leur rapport au sarkozysme: «Ce n’est pas dans leur ADN.» Lors du précédent quinquennat, les bruyants députés de la Droite populaire, «bad boys de la majorité» selon la formule d'un membre, ont plusieurs fois volé dans les plumes du gouvernement. «Sans doute l’UMP se plairait à avoir une aile droite plus docile et policée», tacle un député.
Quant à Thierry Mariani, il dit «son estime pour Guillaume, un ami talentueux». «Il a fait son choix, je le respecte». Mais il déplore cette dispersion: «La droite gaulliste, issue du RPR – même si ces clivages sont dépassés – est éparpillée en trois motions, alors que les centristes et libéraux, anciens de l’UDF, se sont rassemblés. Dommage.»

(1) Selon une enquête Ifop pour Le Figaro, «La Droite Forte» emporte 39% des voix chez les sympathisants UMP, devant «La France moderne et humaniste» de Raffarin et Chatel (22%), «La Droite sociale» de Wauquiez (10%), les gaullistes (7%) et «La Droite populaire». Etude réalisée par Internet du 18 au 21 septembre auprès d’un échantillon de 422 sympathisants de l’UMP, extrait du cumul de deux échantillons regroupant 2005 personnes (méthode des quotas). Ces sondages sont à prendre avec précaution, les motions étant testées sur un échantillon réduit de sympathisants UMP alors que seuls les adhérents pourront voter.

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