vendredi 7 septembre 2012

On ne s'en lasse pas !


Une bonne synthèse de l'agitation politique aoutienne, entre les bonnes pages de Laurent Binet sur Flamby 1er dans l'Obs; les révélations sur le passé mystificateur du meme dans Le Point et le retour annoncé dans VSD
de notre Sarko national, dans une ambiance de grand complot marocain...

Merci Barbara Lambert...
http://www.atlantico.fr/rdvpresse/hollande-demasque-sarkozy-retour-programme-barbara-lambert-451070.html?page=0%2C0

Hollande démasqué, Sarkozy : retour programmé

Scoop ! Tel "Double face" dans "Batman", François Hollande cacherait un "deuxième visage" aux antipodes de celui qu’on lui connaît. Voilà, en substance, ce qui ressort du livre de Laurent Binet dont "L’Obs" publie les bonnes feuilles. Au même moment (hasard ?), "Le Point" met en lumière un Hollande "mystificateur", capable d’endosser des habits de droite comme on enfilerait un gant. Et "VSD" (re-scoop !) annonce le retour de - devinez qui ? - Nicolas Sarkozy !
Dans le calendrier de l’été, le 15 août, c’est un peu le jour qui bascule. Avant lui, c’est les vacances, après lui, même si c’est toujours les vacances, on a beau tortiller… ça sent la rentrée. Vous êtes les pieds dans l’eau, mieux : vous venez tout juste de partir ? Désolée pour vous, dans la presse, ce jeudi, quelque chose a changé. Les rubriques estivales, leur cortège de jeux et de sagas sont toujours là. Et pourtant, septembre, insidieusement, a fait sa percée : “ Les Inrocks ” font leur “ rentrée cinéma ”, “ Le Nouvel Obs ” et “ Le Point ” leur “ rentrée littéraire ”. Bon an, mal an, exception faite de “ L’Express ” resté coincé à l’heure d’été, la mécanique retour aux affaires s’est enclenchée. Il suffit de jeter un œil à la couverture de “ L’Obs ” pour finir — gasp ! — de débronzer. Qu’y trouve-t-on ? “ Hollande côté coulisses ” raconté par l’écrivain Laurent Binet, auteur d’un livre ô combien attendu, dont le mag publie “ en exclusivité ” les bonnes feuilles. Cinq ans après Yasmina Reza et son “ L’aube, le soir, la nuit ” consacré à la campagne de Sarkozy, l’auteur de “ HHhH ” s’est en effet collé à celle du président, qu’il a suivi “ dès l’été 2011 ”, nous dit le news. Alors, crunchy ou fondant, le “ Rien ne se passe comme prévu ” de Binet (Grasset) ? Assez défrisant, mon général. Et comme on est sympa, on vous en a extrait la substantifique moëlle.

Hollande aurait préféré affronter DSK plutôt que Martine Aubry

Lors de leur premier entretien, rapporte Laurent Binet, “ François Hollande me demande comment je perçois la situation. Je lui dis que, à mon avis, s’il remporte la primaire, il sera élu, mais que, pour la primaire, j’ai l’impression que c’est du 50-50. Il me dit qu’il partage mon analyse. J’évoque l’affaire DSK en parlant de “ divine surprise ”. Il me reprend : “ Non, je ne dirais pas ça… ” Je pense d’abord qu’il s’agit d’une objection de pure forme mais il m’explique qu’il aurait largement préféré affronter DSK plutôt que Martine Aubry. En tant que directeur du FMI, DSK cristallisait beaucoup de rejets à gauche alors que “ personne n’en veut à Martine… ” Contre DSK, il m’affirme qu’il était sûr de gagner. Contre Martine Aubry ou Ségolène Royal, il peut pâtir du désavantage d’être un homme. Pour l’instant, son équipe manque de femmes, il a l’air sincèrement désolé, il me dit : “ En même temps, je ne vais pas les inventer ! ”

Boutih : “ Je vais te dire ma théorie : (Hollande) n’existe pas ”

Plus croquignolet — et passablement inattendu, le témoignage de Malek Boutih, ex-patron de SOS Racisme, laisse apparaître un Hollande en demi-teinte, assez différent de celui que l’on connaît. “ Hollande, c’est un mystère, confie-t-il à Binet. Tous les journalistes qui le suivent depuis longtemps me disent : “ C’est qui, ce mec ? ” Personne ne sait. Je vais te dire ma théorie : il n’existe pas. Il s’est déjà complètement dépersonnalisé pour incarner la fonction, ce que Sarkozy n’a jamais voulu faire. Sarkozy a cru qu’il pouvait garder sa personnalité en étant président, il avait tout faux. Quand un journaliste me demande qui est Hollande, je réponds : “ C’est l’Etat-providence ! ” C’est celui qu’on appelle “ le monsieur ” au guichet, “ le monsieur ” de la poste, “ le monsieur ” de la Sécu, “ le monsieur ” de la préfecture… c’est le mec derrière l’hygiaphone. Complètement désincarné. La seule qui l’humanise, c’est Valérie. Avec elle, il est encore humain, mais sinon c’est juste une machine. Tu imagines la volonté qu’il faut pour passer tous ses week-ends en Corrèze pendant vingt ans ! Imagine-toi en Corrèze un seul dimanche, la déprime ! Alors lui, tous les mercredis soir, se dire qu’il va prendre sa bagnole le jeudi matin pour aller EN CORREZE ! ”. Ben, c’est joli, pourtant, la Corrèze…

“ Sarkozy ? Il chie dans son ben ! ”

Mais Boutih n’a pas fini… “ “ Moi, dit-il, si on ne parle pas idéologiquement, je me sens plus proche de Sarko, humainement, j’aime bien son côté brut de décoffrage, le mec qui fonce, mais contre Hollande, ça va pas le faire. Sarkozy, moi, je peux te dire, j’en suis sûr, à l’idée d’affronter Hollande, IL CHIE DANS SON BEN ! Il sait pas par quel bout le prendre. Il le comprend pas. Débattre avec Hollande, il déteste ça. L’autre, il va lui faire “ 273 milliards, vous êtes sûr ? ”, ça va le rendre dingue. Hollande, sa chance, c’est la crise. Ca va peut-être te faire rire mais si on devait comparer Hollande à un homme politique du XXème siècle, je dirais que c’est… Churchill ”. Moi (Binet, ndlr) : “ Ah bon ? Euh, Churchill, t’es sûr ? ” Malek Boutih : “ Churchill, c’est le mec, il est nul avant la guerre, il fait rien après, mais de 1938 à 1945, il est là et il assure, et il fait la guerre. La chance de Hollande, c’est que la crise, c’est une guerre. On est en guerre ! Hollande, c’est un combattant. C’est tout sauf un hasard s’il est arrivé là. Ce mec, c’est un guerrier. Ca se voit qu’à la base c’est plutôt un jouisseur, il aime bien la vie. Eh ben, il a tout sacrifié. Et il est prêt ”. Wow ! Limite si ça file pas la chair de poule, tout ça…

Sarkozy en prison

Hollande, machine froide, Hollande, guerrier… ça change de Hollande Bisounours, hmmm ? Laurent Binet l’avoue, alors qu’il vient de rater l’occasion de s’entretenir en privé avec le futur président qui l’a invité dans sa voiture : “ A force de se présidentialiser, il m’intimide, ce con ! ” L’écrivain rapporte aussi cet épisode, survenu lors de l’enregistrement de l’émission “ Des paroles et des actes ”. “ Valls, raconte-t-il, a bataillé pour que (Hollande et Sarkozy) ne se croisent surtout pas. Quand Sarkozy prend la parole, Hollande a déjà récupéré son manteau dans sa loge. Il n’a manifestement pas l’intention de rester pour regarder la prestation de son adversaire, qui vient de commencer. Nicolas Sarkozy, à l’écran : “ Vous pouvez peut-être dire à M. Hollande de condamner Mme Aubry quand, aimablement, elle me compare à M. Madoff qui, à ma connaissance, a cent quatre-vingt trois années de prison… ” François Hollande, juste avant de partir : “ Mais… tu les auras ! ” ” Pas si mou, on dirait, notre président…

Binet : “ C’est l’inverse de l’image qu’on a eue pendant des mois ”

Et quel jugement l’écrivain porte au final sur celui qu’il a suivi pendant près d’un an ? “ Le Nouvel Obs ” lui pose la question : “ Au bout du compte, Hollande est-il une “ énigme ” ? Un ambitieux obsédé par Sarkozy ? Quelqu’un qui “ enfume tout le monde ” ? ” —“ Tout ça à la fois, répond l’auteur. C’est une formidable machine de guerre, qui était configurée de façon optimale pour atteindre son but. Sous des abords très simples, il y a sans doute une part de mégalomanie. Beaucoup pensaient : “ Il croit à son étoile ”. Lui n’employait jamais cette expression. Il disait : “ Je ne suis pas là par hasard ”… C’est l’inverse de l’image qu’on a eue pendant des mois, de celle que ses adversaires ont voulu donner de lui. On a dit que Hollande n’aimait pas faire de la peine. C’est plutôt qu’il n’aime pas le conflit. Il a montré depuis l’élection qu’il savait être ingrat, aussi. Des gens qui l’ont soutenu pendant des années, comme Faouzi Lamdaoui, ont été déçus. Ce n’est pas de la cruauté, c’est du pragmatisme. Il a toutes les qualités du politique, avec ce que ça a de déshumanisant. Il me semble enfin que mon livre donne l’image d’un bon social-démocrate, ni plus ni moins. Par les temps qui courent, ça n’est déjà pas si mal ”. C’est vrai, même si c’est un peu décevant, forcément… mais bon, on va pas jouer au Bisounours, nous aussi, hmm.

Hollande mystificateur

Hasard, coïncidence ? Au détour du dossier — assez passionnant — que “ Le Point ” consacre aux “ Mystifications de l’Histoire ” (comment Churchill a mis sur pied “ une armée de fantômes pour détourner les forces allemandes de Normandie ”, le mensonge de Katyn, etc.), on est tombé sur un papier intitulé “ Les petits bluffs de nos politiques ”. A côté de Nicolas Sarkozy, Luc Chatel et Nadine Morano, égratignés pour avoir bénéficié, lors de leurs déplacements, de “ comités d’accueil suspects ” composés “ d’ouvriers sélectionnés selon leur petite taille ” et “ de ménagères prétendument choisies au hasard mais qui émargeaient aux sections locales de l’UMP ”, il y est question de, devinez qui ? François Hollande, pardi ! “ Notre président lui-même, note en effet le mag, n’est pas, en matière de mystification, un néophyte ”. Bon sang, qu’est-ce qu’ils vont nous apprendre là ? Eux aussi, ils vont nous la jouer Hollande double face ?

Hollande derrière “ Caton ”

“ En 1983, explique l’hebdo, un ouvrage, “ De la reconquête ”, caracole en tête des ventes. Il est signé Caton et derrière ce pseudonyme se cache un homme de droite qui tape sur les divisions de “ la droite la plus bête du monde ” et reconnaît la capacité de la gauche à se réconcilier avec l’économie de marché. Qui se cache derrière Caton ? Le nom de Raymond Barre circule, mais l’auteur masqué est en réalité un journaliste de gauche, André Bercoff, qui a répondu à une commande de Jacques Attali, lui-même sollicité par François Mitterrand. A six mois des municipales de mars 1983, il s’agit de riposter aux violentes attaques de la droite. Comme le note Jacques Attali dans son “ Verbatim ” le 8 septembre 1982, “ François Hollande aidera André pour les chiffres ”. Le jeune énarque est, avec sa compagne Ségolène Royal, un des conseillers officieux de la cellule Attali, qui délivre avec célérité de brèves notes pour Mitterrand. En économie, Bercoff a besoin d’un soutien que Hollande lui apporte ”. Sacré montage, dis donc…

Hollande “ dans la peau d’un homme de droite ”

Et ce n’est pas tout. “ Le Point ” le précise : “ Le journaliste est connu et, quand il faut répondre à des interviews radio, le “ nègre du nègre ” est prié aussi de prêter sa voix à la radio. (François Hollande) répond depuis son domicile et Bercoff se souvient qu’il “ a joué sa partition avec une aisance incroyable. Il s’était mis dans la peau d’un homme de droite. Il en avait tous les réflexes ”. Confirmation avec les propos radiophoniques de Caton-Hollande : “ Et ceux qui laissent entendre que nous pouvons, c’est-à-dire, nous, la droite, revenir au pouvoir dans les mois qui viennent ou même dans les années qui viennent, se trompent et trompent les Français. Ce n’est pas parce que Pierre Mauroy est à Cayenne que nous sommes débarrassés de la gauche… ” Un seul auditeur, comme le révèle Serge Raffy dans sa biographie de Hollande, devine l’identité du Caton radiophonique, le fils de Jacques Duquesne, copain de promotion à l’Ena. Mais le secret ne sera pas éventé et François Hollande aura donc fait ses débuts médiatiques sous une fausse identité, celle d’un homme de droite ”. Rigolo, non ? En même temps, troublant, quoique, finalement, assez prévisible si l'on considère que cela fait partie du "jeu"… La concomitance de la sortie du livre de Laurent Binet et de l’article du “ Point ”, le recoupement de leurs conclusions sur la nature double, ou supposée “ duplice ”, de notre président, laissent malgré tout un tantinet rêveur… Hollande, après tout, est un politique — chevronné qui plus est, puisqu’il est parvenu à se hisser au sommet. Il était peut-être temps de s’en apercevoir.

Sarko : le retour
Et comme si ces drôles de coïncidences ne suffisaient pas, voilà que « VSD » nous annonce en grand et en couverture que… Sarkozy revient ! « Retour dans le grand bain », titre le magazine devant une photo en gros plan de l’ex-président se baignant. Regard acéré, mâchoire en avant, « l’ex » y paraît plus requin que jamais. On en tremblerait presque, brrrr… Alors, ça y est, prêt à repartir au combat, Nico ? « L’ex-président, qui avait promis de se retirer de la scène politique, a tenu trois mois », commence le news. Mmmh, ça commence bien, dites donc… La suite ? Ben, y’en a pas ! Sans blague ? Non : rien, juste un rappel de l’intervention de Sarkozy dans le dossier syrien : « Contrairement à son prédécesseur gaulliste, qui, retiré des affaires en 2007, n’y intervint plus, note l'hebdo, Nicolas Sarkozy n’aura donc pas résisté bien longtemps à la tentation de tacler le nouveau président sur sa passivité supposée face à la crise syrienne. (…) Du coup, la sortie de Nicolas Sarkozy pose question sur ses véritables intentions » Et c’est tout ? Bé oui ! Sont pas gonflés, à « VSD »…

Sarkozy, « conseiller spécial » du roi Mohammed VI
Sont pas gonflés, en même temps, ils détiennent deux informations qui méritent d’être relevées. En encadré, le journal indique en effet que « selon le quotidien arabophone « Akhbar al-Yaoum », l’ancien président de la République aurait acheté la semaine dernière – le 9 août précisément – pour 5 millions d’euros, le palais Antarès. Dans cette luxueuse villa de 1500 mètres carrés, dotée d’un splendide parc arboré et d’une piscine à débordement, située dans le « triangle d’or » de la cité ocre, il installerait sa base arrière. Selon le journal de Casablanca, Nicolas Sarkozy aurait en effet reçu une alléchante proposition, émanant du palais royal, pour devenir « conseiller spécial du roi pour les affaires internationales ». Et sa récente prise de position sur le dossier syrien ne serait que la première traduction de ce nouveau rôle, visant ainsi à harmoniser, sous l’égide de Mohammed VI, le point de vue des pays de la Ligue arabe ». Ah, ben, c’est pas rien, ça, comme nouvelle. Z’auraient peut-être mieux fait de mettre ça en couverture, hmmm ? D’autant que si l’info est juste, elle ne corrobore pas, mais alors pas du tout, la théorie du retour. CQFD.

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