Quand on nous fait croire que la bouteille à moitié vide est archi-pleine !
Sommet européen : l’Allemagne aurait plié ? Pas vraiment ce qu'ont retenu les marchés...
Par Jean-Jacques Netter
La mécanique européenne est brinquebalante, mais elle avance.
Le sommet européen a été de l’eau tiède écrit Bruno Cavalier économiste chez Oddo Securities.
Il faut reconnaître que c’est la première fois depuis deux ans qu’un
sommet ne se termine pas intégralement sur les positions allemandes…
Cela ne permet toutefois pas de présenter le communiqué comme une grande
victoire. Ce serait aller un peu vite, car la France a dû reculer sur plusieurs points :
1/ François Hollande a finalement accepté de ratifier le traité signé par Nicolas Sarkozy.
2/
Les banques espagnoles emprunteront directement auprès des fonds de
soutien, mais seulement après la mise en place d’un mécanisme de
supervision des banques qui sera créé sous l’égide de la BCE. On peut
imaginer que les banques allemandes ne manifesteront pas beaucoup
d’enthousiasme pour ce dispositif.
3/ La force de
frappe des fonds existant n’a pas été accrue. L’EFSF (Fonds Européen de
Solidarité Financière) ne dispose actuellement que de 150Md€ et le futur
ESM (Mécanisme Européen de Stabilité) n’existe toujours pas.
4/ Le rôle de la BCE n’est absolument pas modifié.
5/ Aucun nouvel instrument comme les fameux « eurobonds » n’a été créé
6/ Les avancées institutionnelles ont été repoussées à un prochain sommet qui devrait se tenir en octobre prochain.
On est donc assez loin de la métaphore footballistique utilisée par Libération pour décrire les résultats du dernier sommet européen : « Hollande 1- Merkel 0, la nuit où le sud a fait flancher Merkel… »
Le gang des quatre comme l’écrit dans son papier hebdomadaire Chris Wood de CLSA Hong Kong : Van Rompuy / Conseil Européen, Barroso / Commission Européenne, Junker / Europgroupe et Draghi / BCE, a aidé le trio du Sud
(Hollande / France, Rajoy / Espagne, Monti / Italie) à obtenir de
l’Allemagne son accord pour que les nouvelles lignes de crédit accordées
par les fonds européens à l’Espagne ne soient pas considérés comme de
la dette senior par rapport à l’encours existant. Cette disposition est
très importante, car sans elle de nombreuses institutions auraient du
vendre toutes leurs obligations espagnoles de leurs portefeuille.
Quand à l’effort concernant la croissance européenne, il est beaucoup plus symbolique que réel. La
Commission Européenne n’a même pas cherché à évaluer l’impact des
120Md€ qui vont être injectés dans des travaux d’infrastructure, tant
l’effet de relance immédiat sera limité. Jean Peyrelevade ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy en 1981 et notamment ancien Président du Crédit Lyonnais considère qu’au mieux, l’effet positif ne représentera pas plus que 0,2% à 0,3% du PIB européen !
Il vaut beaucoup mieux se référer à l’audit de Didier Migaud Président de la Cour des Comptes qui
a rappelé dans son audit de la France, que la trajectoire pour revenir
à 3% de déficit en 2013, nécessitait une discipline sévère au niveau de
la réduction des dépenses publiques. Elle devra déboucher sur le fait
que tous les dispositifs d’intervention, de transfert ou
d’investissement qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité devront
soit être réduits, soit supprimés…
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